« Garder la flamme olympique allumée » : protéger les athlètes du burnout sportif
Le burnout des athlètes est une préoccupation croissante dans le sport, en particulier chez les athlètes d'élite qui concourent au plus haut niveau, comme les Jeux olympiques. Il se caractérise par des symptômes d'épuisement physique et émotionnel, un sentiment d'accomplissement réduit et une dévalorisation du sport. Le présent article explorera ses causes et ses conséquences. Il vise également à guider la création de stratégies efficaces pour prévenir et atténuer le burnout chez les athlètes d'élite qui concourront pendant les Jeux olympiques.
Lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, des athlètes du monde entier s'affronteront dans leurs disciplines respectives. Pour ces personnes, l'événement est l'aboutissement d'années d'entraînements rigoureux et de compétition. Ces années ne sont exemptes de difficultés. Les athlètes d'élite sont confrontés à des pressions constantes (sélection et désélection) et à des dangers (blessures mettant fin à leur carrière). Ces contraintes peuvent amener les athlètes à développer des problèmes de motivation et de bien-être, dont l'un des plus importants est le burnout. À titre d'exemple, Simone Biles, 24 ans, qui a remporté sept médailles olympiques, dont quatre en or, a lutté contre des problèmes de santé mentale lors des Jeux d'été de Tokyo en 2020.
Au cours des vingt dernières années, les travaux en psychologie du sport ont exploré le syndrome de burnout. Les chercheurs ont contribué significativement à la compréhension de son impact alarmant sur le bien-être mental et physique des athlètes (Madigan et al., 2023). Cela inclut une augmentation de la dépression, de l'anxiété et des blessures (Glandorf et al., 2023). Il est donc devenu essentiel de comprendre la prévalence de ce syndrome et d'identifier les facteurs qui y contribuent, afin de mettre en place des stratégies de prévention et de gestion efficaces pour protéger la santé des athlètes, assurant ainsi leur bien-être alors qu'ils poursuivent l'excellence et une médaille olympique.
Comment le burnout sportif est-il caractérisé chez les athlètes d'élite ?
Les experts étudient le burnout sportif depuis plusieurs décennies. Le burnout survient lorsqu'un athlète se sent épuisé émotionnellement par l'entraînement et la compétition, ce qui entraîne une perte d'intérêt pour son sport et un sentiment de ne pas s’accomplir, peu importe ses efforts. Afin de comprendre le burnout sportif, la définition suivante a été proposée en s'appuyant sur la littérature sur le burnout professionnel : le burnout sportif est un syndrome caractérisé par un épuisement physique et émotionnel durable, une diminution du sentiment d'accomplissement et une dévalorisation du sport (Raedeke, 1997). Un athlète olympique peut ressentir une fatigue physique et émotionnelle constante, même après du repos et de la récupération. Ce sentiment peut être décrit comme l'énergie mise dans l'entraînement et la compétition qui s'évapore sans donner de résultats tangibles. Des doutes sur leurs capacités peuvent survenir, malgré les succès passés et la reconnaissance. L'athlète peut avoir l'impression que son entraînement et ses efforts ne sont jamais suffisants, ce qui fait perdre de la valeur ou de la signification aux réalisations passées. Les athlètes peuvent se désintéresser de la compétition et de l'entraînement, se sentir déconnectés de leur sport et remettre en question sa signification.
D'où vient le burnout sportif ?
Compte tenu de ces conséquences négatives, différents modèles ont tenté d'identifier les facteurs associés au burnout. Il s'agit notamment de l'évaluation du stress (Smith, 1986), une identité centrée sur le sport (Coakley, 1992), l’engagement (Raedeke, 1997) et la motivation (Li et al., 2013). Les facteurs à l'origine du burnout peuvent être comparés à des pièces de puzzle, chaque modèle fournissant des informations sur différents aspects du problème de burnout.
Le modèle cognitivo-affectif du burnout sportif se concentre sur la façon dont les athlètes perçoivent et réagissent au stress (Smith, 1986). Par exemple, deux athlètes peuvent faire face au même programme d'entraînement difficile, en particulier pendant la préparation des Jeux olympiques, mais l'un peut le considérer comme un défi motivant, tandis que l'autre peut le percevoir comme stressant. Les athlètes qui voient constamment leurs défis sportifs de manière négative sont plus susceptibles de souffrir de burnout. Selon le modèle identitaire centré sur le sport (Coakley, 1992), les athlètes qui n'ont pas d'identité au-delà de leur sport courent un risque plus élevé de burnout. Par exemple, si toute l'identité et l'estime de soi d'un athlète olympique sont liées à ses performances sportives, un mauvais résultat ou une blessure pendant les Jeux olympiques peut être perçue comme une menace pour son identité. Le modèle d'engagement sportif examine comment l'engagement d'un athlète – ou son sentiment d'obligation envers le sport – joue un rôle dans le burnout (Raedeke, 1997). Pratiquer un sport par amour est différent de se sentir obligé d'y participer, même lorsque ce n'est plus agréable. Ce sentiment d'être piégé dans le sport peut conduire au burnout. Le modèle motivationnel (Li et al., 2013) examine la motivation de l'athlète à pratiquer son sport. Est-il motivé par la passion et le plaisir internes (motivation intrinsèque) ou par des pressions externes telles que les récompenses, les attentes ou la célébrité (motivation extrinsèque) ? La théorie de l'autodétermination (Deci et Ryan, 2000) suggère que les athlètes qui ont satisfait leurs besoins d'autonomie, de compétence, de proximité sociale et qui sont principalement motivés par des facteurs intrinsèques sont moins susceptibles de souffrir de burnout. C'est parce qu'ils pratiquent le sport parce qu'ils l'aiment vraiment, plutôt que seulement pour la médaille d'or qu'il peut apporter.
Afin de résumer la recherche, un modèle intégratif du burnout sportif a été proposé (Gustafsson et al., 2011). Le modèle souligne que le burnout peut survenir lorsque les athlètes doivent équilibrer le sport avec d'autres engagements de la vie tels que l'école et le travail, et lorsqu'ils subissent la pression des entraîneurs, des coéquipiers et des membres de la famille. De plus, le manque de temps de repos ou de récupération est également identifié comme un facteur de risque de burnout. Trop d'entraînement ou un pic trop précoce peut également conduire au burnout. C'est particulièrement vrai pour les athlètes olympiques qui doivent souvent faire face à ces défis. Des études récentes ont confirmé les relations dans ce modèle. Le modèle identifie également les signes avant-coureurs du burnout, notamment la perte de motivation intrinsèque dans le sport, la frustration face au manque de résultats, la baisse des performances et les sautes d'humeur. Le modèle nous aide à comprendre que le burnout des athlètes n'est pas seulement une question de fatigue. Il s'agit également de faire face à de multiples facteurs de stress et de ne pas avoir assez de temps pour se ressourcer et récupérer. Reconnaître ces signes tôt peut prévenir le burnout et garder les athlètes en bonne santé et heureux dans leur sport tout en étant performants au plus haut niveau. Cela est d’autant plus important en raison des conséquences négatives du burnout (Gustafsson, Madigan et DeFreese, 2017).
Quelles stratégies peuvent être utiles pour le prévenir ?
De nombreux chercheurs estiment qu'il faut en faire plus pour prévenir le burnout dans le sport. Dans le contexte du sport, seules cinq études ont été menées pour tester des interventions visant à réduire le burnout (Madigan, 2021). Il s'agissait notamment d'aider les athlètes à planifier et à contrôler leurs actions (Dubuc-Charbonneau et Durand-Bush, 2015), les encourager à se sentir reconnaissants (Gabana et al., 2018), offrir une formation à la pleine conscience (Moen et coll., 2015 ; Moen et Wells, 2016), et utiliser la théorie de l'autodétermination comme formation pour les entraîneurs (Langan et al., 2015). Toutes ces études ont révélé que ces stratégies pourraient avoir le potentiel de réduire le burnout chez les athlètes olympiques, mais ces résultats doivent être considérés avec prudence car ces études ont des limites (par exemple, aucun groupe témoin et un nombre limité de participants).
Ainsi, il existe peu de preuves provenant du contexte sportif sur les moyens les plus efficaces de prévenir le burnout. Étant donné qu'il existe un grand nombre de travaux dans d'autres contextes, il peut être utile d'examiner des méta-analyses d'études dans d'autres domaines. Ces études ont montré que les interventions individuelles peuvent réduire les symptômes de burnout professionnel environ 35 % du temps (Madigan et al., 2023). Bien que ces méthodes aient leurs mérites, elles n'atteignent pas toujours le résultat souhaité. Parmi les thérapies individuelles, les thérapies les plus efficaces sont basées sur la cognition, telles que la thérapie cognitivo-comportementale, qui se concentre sur la modification des processus de pensée pour promouvoir des comportements plus adaptatifs, et la réduction du stress basée sur la pleine conscience, qui se concentre sur le maintien d'une conscience sans jugement du moment présent.
Les interventions au niveau organisationnel ont un taux de réussite plus élevé, avec une efficacité d'environ 86 % (Madigan et al., 2023). Les stratégies gagnantes consistent à ajuster la charge de travail en réduisant les heures de travail ou la durée des quarts de travail, et à améliorer le travail d'équipe et la communication. Les interventions ont été principalement testées auprès des médecins et se sont révélées très prometteuses. Cependant, il n'est pas certain qu'elles soient aussi efficaces dans d'autres secteurs, comme le sport.
Lorsque les interventions individuelles et organisationnelles ont été combinées, leur efficacité a varié quelque peu, avec des résultats positifs observés dans environ 57 % des cas (Madigan et al., 2023). La combinaison comprenait des méthodes de gestion du stress et une thérapie comportementale émotive rationnelle, qui cible les croyances irrationnelles. De plus, des interventions organisationnelles ont été utilisées. Il est intéressant de noter que ces stratégies combinées se sont avérées plus efficaces pour les professionnels de santé mentale, mais moins efficaces pour les médecins.
Conclusions
Les athlètes olympiques courent un risque élevé de burnout et il reste encore beaucoup à apprendre sur les meilleures façons d'intervenir. Les interventions individuelles basées sur l'autodétermination, les interventions cognitives et la pleine conscience, ainsi que les stratégies organisationnelles axées sur l'amélioration du travail d'équipe et de la communication, peuvent être la voie à suivre. Des perspectives tant internes qu'externes au contexte sportif peuvent être exploitées. Ces recommandations visent à jeter les bases de la création de stratégies spécifiques au sport. Elles aideront les acteurs du monde du sport à identifier, prévenir et atténuer efficacement le burnout chez les athlètes.
Références
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