Les causes psychologiques et sociales du complotisme

Qui n’a pas entendu parler des théories du complot ? John Kennedy aurait été assassiné par la CIA, Michael Jackson ne serait pas mort, les attentats terroristes seraient de faux attentats islamistes créés par les services secrets, le coronavirus aurait été créé en laboratoire et volontairement disséminé dans le monde, etc. Dans cet article, les causes et conséquences des croyances aux théories du complot identifiées par plus de 10 ans d’études en psychologie sont résumées. A cette lumière, la rationalité de la notion de théorie du complot est discutée.

La différence entre les théories du complot et les complots avérés est que les complots sont mis à jour par des enquêtes et des preuves directes de la part d'enquêteurs professionnels tandis que les théories du complot ne sont justifiées que par l'existence de "données erratiques". Images par Gregor Cresnar (gauche) et Olena Panasovka (droite), issu du Noun Project.

Bien qu'elles soient sans doute vieilles comme le monde, les théories du complot font florès de nos jours, en envahissant notamment ce nouvel « hypermarché des idées » que constitue Internet. Une étude récente de Roozenbeek et collègues (2020) à propos de la pandémie de COVID-19 que nous vivons a montré qu'une proportion non négligeable de gens croyaient à différentes affirmations complotistes. Par exemple, le fait que le coronavirus aurait été créé dans le laboratoire P4 de Wuhan est partagé par 22-23% de la population dans des échantillons représentatifs en Angleterre et aux USA, 26% en Irlande, 33% au Mexique et 37% en Espagne [1]. D'autre part, les documentaires conspirationnistes et les faux experts ont rassemblé des millions de vues sur le net pendant la pandémie. Dans cet article, nous résumerons les principales explications avancées en psychologie pour comprendre le succès de ces croyances.

Complots et théories du complot

Si les complots – entendus comme des actions secrètes menées par un groupe d’individus dans un but malveillant – ont de tout temps existé dans l’histoire, les théories du complot sont, par contraste, définies par le psychologue Robert Brotherton comme des « allégations non vérifiées et sensationnalistes de complot », à propos d’événements d’importance survenant dans le monde (Brotherton, 2013, p.12). 

En effet, la grande différence entre les théories du complots et les complots avérés est d'ordre méthodologique (Boltanski, 2012; Dieguez, 2018; Wagner-Egger et al., 2019). Les vrais complots sont mis à jour par des enquêtes et des preuves directes (aveux, documents, etc.) de la part d'enquêteurs professionnels (journalistes d'investigation, procureurs, lanceurs d'alerte professionnalisés sur un sujet particulier, etc.), tandis que les théories du complot ne sont justifiées que par l'existence de "données erratiques" (anomalies apparentes de la version officielle). Ces dernières ont dans la plupart des cas une explication officielle, mais même en l'absence d'explication, elles ne pourraient constituer des preuves devant un tribunal. Par exemple, la seule présence d'un laboratoire à Wuhan, donné comme un élément troublant en faveur de la théorie du complot, est loin de constituer une preuve de son implication dans la création et la dispersion du virus (qui reste cependant possible, mais à démontrer). Seule une enquête est à même de statuer sur ce point, et cela dans un sens ou dans l'autre (implication ou non). Les théories du complot sont donc des accusations — graves voire très graves : accusation de mensonges, de fraudes, jusqu'à l'appartenance à des réseaux criminels pédophiles et de meurtres de victimes innocentes par de faux attentats terroristes — sans preuves suffisantes. En termes juridiques, cela relève de la calomnie et diffamation, même si le présumé coupable est tout de même coupable. Aux principes juridiques de la présomption d'innocence (sans preuves du contraire) et du fardeau de la preuve à la charge de l'accusation (les preuves directes du complot à amener devant le tribunal pour une éventuelle condamnation), répondent les principes scientifiques du rasoir d'Ockham et du fardeau de la preuve (Klein & Van der Linden, 2010). Le premier principe stipule que les hypothèses les plus simples sont à privilégier (par exemple la transmission du coronavirus de l'animal à l'humain). Le second demande que les hypothèses plus complexes doivent être supportées par des données empiriques nombreuses et non équivoques pour être acceptées par la majorité des experts d'un domaine (le consensus scientifique)[2]. Ces préceptes scientifiques et juridiques devraient nous amener à nous méfier des théories du complot, et à ne pas les partager et les transmettre sans retenue, notamment sur internet. Ces préceptes scientifiques et juridiques devraient nous amener à nous méfier des théories du complot, et à ne pas les partager et les transmettre sans retenue, notamment sur internet.

Psychologie des croyances aux théories du complot

Depuis des décennies, mais plus intensivement depuis 2008 environ, les psychologues ont mené des centaines d'études afin de savoir qui sont les gens qui croient plus ou moins aux théories du complot (TC), et pourquoi nous sommes toutes et tous passibles d'y croire dans une certaine mesure (sur l'aspect attractif de ces théories et comment lutter contre cet attrait, cf. par ex., Banas & Miller, 2013).

Le premier résultat d'importance est qu'un des meilleurs prédicteurs de la croyance à une théorie du complot est… la croyance à une autre théorie du complot. Dans les centaines d'études qui mesurent l'adhésion à plusieurs théories du complot, on trouve systématiquement des corrélations positives assez élevées : plus quelqu'un croit à une théorie du complot, et plus cette personne aura tendance à croire à une autre théorie du complot, ce qu'on appelle après Moscovici (1987) la mentalité conspirationniste (cf. Goertzel, 1994 ; Wagner-Egger & Bangerter, 2007). Il s'agit néanmoins d’un raisonnement relativement logique (bien que totalement exagéré) : si un gouvernement peut faire une action aussi immorale et gravissime que fomenter un faux attentat terroriste contre sa propre population, alors ce gouvernement sera prêt à perpétrer tous les complots, et les gouvernements des autres pays seront capables d'en faire de même.

On peut résumer l'explication du grand succès contemporain des théories du complot par trois grandes catégories de causes [3] : les causes sociales (sociétales/politiques, et intergroupes), les causes psychologiques (cognition et personnalité), et les causes "communicationnelles". Concernant les dernières, elles renvoient à l'attrait narratif des récits complotistes (à témoin les nombreux films et séries qui mettent en scène des complots, The Matrix, Le Labyrinthe, Game of Thrones, Da Vinci Code, etc.), ainsi qu'à la formidable caisse de résonnance pour toutes les rumeurs et croyances infondées que constitue Internet. Sur ce sujet, on peut par exemple citer l’ouvrage en français de Bronner (2013), qui indique que les personnes complotistes s'informent en priorité sur internet et les réseaux sociaux, en lieu et place des médias traditionnels.

Le fait que les thèses complotistes sont séduisantes pour notre esprit est expliqué au niveau psychologique par l'existence d'une série de biais de raisonnement (biais cognitifs), caractéristiques d'une forme de pensée intuitive par opposition à la pensée analytique et rationnelle (Pennycook et al., 2018). La tendance à penser que les événements importants sont causés par des causes importantes ( biais de proportionnalité), la tendance à juger l'apparition conjointe de deux événements plus probable que celle des événements séparés, ce qui est impossible au niveau probabiliste, lié à une tendance plus générale de surestimer les coïncidences et d'établir des liens de causalité à partir de ces coïncidences ( biais de conjonction), la tendance à rechercher la confirmation de ses croyances ( biais de confirmation), et la tendance à percevoir des intentions là où il n'y en a pas ( biais d'intentionnalité). Une autre indication de l'intervention de la pensée intuitive est que les croyances aux théories du complot sont fortement corrélées aux croyances paranormales, pseudoscientifiques, superstitieuses, etc. D'autres causes psychologiques relèvent de la personnalité. L’adhésion aux théories du complot peut également être favorisée par une personnalité plus anxieuse, plus paranoïde (paranoïa non clinique, méfiance envers les autres et leurs intentions, sentiment d'être observé, etc.), et plus schizotypique (pensées irrationnelles, attributions d'intentions hostiles aux autres) que le reste de la population. Il semblerait également que la personnalité des personnes adhérant aux théories du complot soit plus narcissique et immodeste (Cichocka et al., 2016), manifeste un plus grand besoin d'unicité (Lantian et al., 2017), en raison peut-être d'une plus faible estime de soi (par ex., Swami et al., 2011).

Néanmoins, une partie de ces facteurs de personnalité peut sans doute être expliquée par des causes sociétales, les problèmes psychiques étant plus répandus dans les groupes défavorisés de la société. Au niveau social, le principal prédicteur des croyances aux théories du complot est l'anomie (Goertzel, 1994 ; Wagner-Egger & Bangerter, 2007) : ce concept sociologique désigne plusieurs phénomènes comme la méfiance et le ressentiment envers les politiciens et le sentiment qu' ils ne s'inquiètent plus du sort des citoyens lambda, le sentiment de ne pas avoir de contrôle sur sa vie, etc. Ce sentiment et les croyances aux théories du complot sont plus forts dans les groupes défavorisés de la société (minorités ethniques, personnes avec un bas niveau d'éducation, bas statut socio-économique) ou appartenant à des groupes sociaux « marginalisés » (appartenance au mouvement social des Gilets Jaunes, etc.). Certaines recherches récentes montrent ainsi que le taux moyen de complotisme est plus élevé quand les inégalités sociales sont plus fortes, ainsi que dans les pays où la démocratie est moins forte et la corruption plus répandue (Cordonier et al., 2021). Des motivations politiques "anti- système" sont également à l'œuvre dans l'adhésion aux théories du complot. Les extrêmes gauche et surtout droite de l'échiquier politique sont plus complotistes, ce qui se comprend dans le sens où les théories du complot sont souvent des récits accusant les "élites" (politiciens, gouvernements, services secrets, milliardaires, etc.). Certains semi-experts profitent d’ailleurs des théories du complot pour se donner une audience et une certaine importance sur internet et les réseaux sociaux dont ils ne bénéficient pas dans la vie réelle (Boltanski, 2012). Ces attitudes populistes (l'idée d'une distinction entre les élites malfaisantes et le peuple idéalisé) sont liées au conspirationnisme (Eberl, Huber & Greussing, 2021), qui a été depuis toujours l'un des traits caractéristiques des régimes fascistes (Byford, 2011). Une cause sociale différente, relevant des relations entre groupes est que les théories du complot peuvent être utilisées dans toute situation de compétition : il est très pratique de pouvoir accuser son adversaire sans preuves suffisantes ! Dans cette idée, Grzesiak-Feldman et Irzycka (2009) ont identifié chez certains Polonais des soupçons de complots au niveau international contre leur pays de la part de certains autres pays (les Russes, les Allemands, etc.). De manière similaire, Uscinski et Parent (2014) ont recensé de nombreuses théories du complot accusant les autres puissances mondiales (Japon, Allemagne, URSS, etc.) de conspirer contre les États-Unis, en se basant sur analyse du contenu conspirationniste de lettres de lectrices et lecteurs adressées à deux journaux aux États-Unis (le New York Times et le Chicago Tribune entre 1897 et 2010). Ainsi, il n'est pas étonnant que l'identité ou les appartenances sociales jouent un rôle dans ces théories du complot accusant certains les groupes ennemis (Mashuri & Zaduqisti, 2014).

On le voit, le succès des croyances aux théories du complot est multifactoriel et multiniveaux, ce qui explique le foisonnement contemporain de ces théories, culminant durant la pandémie de coronavirus en 2020. Cette pandémie mondiale a été une longue période d'anxiété et d'incertitude, qui sont un terreau fertile pour les rumeurs et les croyances non vérifiées (cf. p.ex. Bangerter et al., 2020). La pandémie a aussi réactivé les théories du complot classiques relatives aux épidémies (grippes aviaire, porcine, SIDA, etc.) à propos de l'origine des virus et des vaccins, et donné naissance à de nouvelles théories du complot en rapport avec la politique sanitaire des gouvernements (port du masque avec les sensations intuitives d'étouffement, de bâillonnement et d'anonymisation, etc.). On pourrait penser que ces croyances, qu'elles soient fausses (comme la théorie du complot de la Terre Plate ; Dieguez & Wagner-Egger, 2020) ou simplement exagérées (comme la théorie de la "corruption systémique" dans le domaine médical [4]ne sont pas à bannir ou critiquer, qu'elles relèvent de la liberté d'expression. C'est en partie vrai, néanmoins les conséquences sociales des croyances aux théories du complot démontrées par certaines études ou analyses sont très inquiétantes : Keeley (1999) souligne que les théories du complot impliquent un degré de scepticisme exagéré envers les motivations des autres et des institutions sociales. L'immense majorité des actions des gouvernements démocratiques ne repose heureusement pas sur la dissimulation et le complot et d'étendre le scandale des complots avérés à des soupçons concernant la plupart des actions officielles détruit la confiance qui est à la base de la démocratie et de la vie sociale (Bronner, 2013). Byford (2011) relève que le conspirationnisme a toujours été l'ingrédient de base des politiques discriminatoires, populistes et anti-démocratiques, la marque de fabrique de la rhétorique des régimes oppressifs, et un compagnon fidèle de l'antisémitisme. Bronner (2013) souligne d’ailleurs que le discours conspirationniste est très présent dans le processus de radicalisation des futurs terroristes islamistes, notamment par un complot américano-sioniste mondial contre l'Islam. Plus généralement, la plupart des sectes et mouvements extrémistes entretiennent l'idée de complots du monde extérieur contre leurs membres (cf. par ex., Festinger, Riecken & Schachter, 1956). Les recherches sur les interprétations conspirationnistes de l'origine des épidémies comme le SIDA montrent que les gens qui adhèrent à ces théories du complot vont avoir plus de comportements à risques (comme se passer de préservatifs, Bogart & Bird, 2003). Les personnes qui pensent que les vaccins seraient en fait nocifs, mais dont la nocivité est tenue secrète par les entreprises pharmaceutiques ou les scientifiques, indiquent moins d'intentions de vacciner leurs enfants (Jolley & Douglas, 2014). Les théories du complot relatives au réchauffement climatique vont avoir pour effet de diminuer les intentions écologiques comme réduire son empreinte carbone (Jolley & Douglas, 2013). Plus généralement, le complotisme est lié à une méfiance envers la science (Lewandowsky, Gignac, & Oberauer, 2013), l'adhésion aux croyances créationnistes (Wagner-Egger, Delouvée, Gauvrit, & Dieguez, 2018) et au révisionnisme de la Shoah (Shermer, 1997).

Au niveau des attitudes, le conspirationnisme diminue les tendances au comportement pro-social comme la charité (van der Linden, 2015), certainement parce que les théories du complot sont liées à une méfiance exagérée envers autrui. L'adhésion aux thèse complotistes est parfois lié au racisme et à l'expression des préjugés (Jolley, Meleady, & Douglas, 2019 ; Wagner-Egger & Bangerter, 2007). De plus, en raison sans doute du sentiment d'anomie qui les accompagne, les théories du complot ont pour effet de détourner de l'action politique classique (Jolley & Douglas, 2012), et en lieu et place, d'encourager la violence politique (Imhoff, Dieterle & Lamberty, 2021) comme cela a pu parfois être observé avec le mouvement des Gilets Jaunes en France (Mahfud & Troian, 2019).

En conclusion, il convient bel et bien de se méfier — avec modération et rationalité — des pouvoirs en place et des versions officielles, en encourageant les enquêtes professionnelles, les contre-pouvoirs sérieux (instances de surveillance des médicaments, etc.), mais en évitant la diffusion et le partage des théories du complot irrationnelles et dangereuses pour la démocratie. Contrairement à la vision unilatérale des conspirationnistes, le danger pour la démocratie ne vient pas seulement "du haut" (les lobbys, les intérêts financiers, etc.), mais aussi "du bas", avec la montée des extrêmes populistes poussées par la désinformation des sites de soi-disant "réinformation".

Comme le soulignait Boltanski (2012), critiquer les théories du complot ne revient pas à défendre le système social dans lequel nous vivons — qui à bien des égards est critiquable — mais revient à discuter la critique irrationnelle de ce " système", et à valoriser sa critique rationnelle (les enquêtes). Il s'agit bel et bien d'améliorer la critique sociale, et non pas de la museler ou de l'empêcher. 

Références

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