Pouvez-vous ne pas le croire ? Que se passe-t-il lorsque vous ne croyez pas en vos souvenirs ?

Notre mémoire est exposée à des risques d’erreurs et de distorsions. Cette affirmation, qui peut sembler banale (Loftus, 2005), se traduit concrètement par des comportements qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Songeons aux témoins oculaires qui se trompent dans leurs identifications (Sagana et coll., 2012), aux innocents qui confessent des crimes qu’ils n’ont pas commis (Kassin & Gudjonsson, 2004) ou encore aux adultes qui croient, à tort, avoir vécu des abus sexuels précoces (Loftus, 1993). Dans les années 1990, des psychologues, des thérapeutes et même des juristes (Howe & Knott, 2015) se sont livrés à une controverse féroce quant à la question de l’authenticité de ces «  souvenirs retrouvés ». Ce débat a même été qualifié de « guerre de la mémoire » (Patihis et coll., 2014). Il s'est déroulé dans un contexte où des centaines d’adultes intentaient des poursuites contre leurs parents en raison de prétendus souvenirs d'abus survenus dans leur enfance qui avaient été « retrouvés » au cours d'une thérapie à l'âge adulte (Lipton, 1999). Certains thérapeutes et psychologues cliniciens avancent que de tels souvenirs retrouvés sont essentiellement vrais et récupérés après la levée de leur répression grâce à des techniques thérapeutiques (par ex. hypnose, sédatifs). Cependant, de nombreux chercheurs ont soutenu que les souvenirs retrouvés pourraient, en fait, être des pseudo-souvenirs produits par des techniques risquées telles que l'hypnose (encore !) et l’imagerie mentale dirigée (Howe & Knott, 2015 ; Lambert & Lilienfeld, 2007).

Titre original : Can you nonbelieve it: What happens when you do not believe in your memories? Ecrit par Jianqin Wang, Henry Otgaar, Mark Howe, Tom Smeets & Harald Merckelbach, Edité par Lieke Braadbaart, Publié en 2015, Traduction par César Broche.

Légende. Image « Unbelieved Memories [souvenirs auxquels on ne croit pas] » par Grace Alexandra Russell (http://www.gracerussell.co.uk/)Légende. Image « Unbelieved Memories [souvenirs auxquels on ne croit pas] » par Grace Alexandra Russell (http://www.gracerussell.co.uk/)

Prenons le cas de personnes ayant affirmé avoir retrouvé un souvenir d’abus sexuel, pour revenir ensuite sur leurs affirmations (Ost et coll., 2002). Ces personnes ont-elles encore des « souvenirs » de ces épisodes d’abus ? Comment perçoivent-elles ces expériences passées ? Une ligne de recherche récente, axée sur l’étude des souvenirs et des croyances en ces souvenirs, apporte des éléments de réponse. En bref, cette dernière a révélé que, dans certaines circonstances, les personnes forment des souvenirs d’événements tout en doutant de leur réalité. Elles déclarent alors avoir toujours des images et des souvenirs vivaces de ces événements, mais elles ne croient pas qu’ils se soient réellement produits, transformant ainsi de faux souvenirs en des souvenirs auxquels on ne croit pas ( Non Believed Memories, NBMs).

Les NBMs ont d’abord été considérés comme un phénomène extrêmement rare (Mazzoni et coll., 2010 ; Otgaar et coll., 2014). Après avoir approfondi la question, nous présenterons les recherches actuelles sur les NBMs ainsi que leur pertinence dans plusieurs domaines de la psychologie (par ex. la psychopathologie et la psychologie de la justice). Nous commencerons tout d’abord par expliquer ce que sont les NBMs, avant de décrire les méthodes qui ont été utilisées pour les créer en laboratoire.

 

Avoir été kidnappé mais ne pas le croire

Comme indiqué plus haut, la recherche a longtemps considéré que les NMBs étaient un phénomène rare. On en trouve des descriptions anecdotiques dans la littérature. Par exemple, le célèbre psychologue du développement Jean Piaget avait gardé le souvenir vivace d’un homme tentant de le kidnapper lorsqu’il avait deux ans. Il pouvait décrire ce souvenir en détail, se rappelant que son agresseur avait griffé le visage de sa nourrice (Piaget, 1951). Cependant, treize ans plus tard, celle-ci confessa avoir fabriqué ce récit de toutes pièces et le lui avoir ensuite raconté. Piaget cessa alors de croire qu’il avait été kidnappé étant enfant, mais conserva des images mentales de ce kidnapping, comme si celui-ci s’était réellement produit. 

Les NBMs sont fascinants, ne serait-ce que parce que la plupart des études sur la mémoire portent sur des souvenirs auxquels on croit, c’est-à-dire sur des événements dont on est convaincu qu’ils sont effectivement arrivés (Scoboria et coll., 2004). Alors que plusieurs recherches sur la mémoire suggèrent que les souvenirs sont généralement considérés comme vrais (par ex. : Brewer, 1996 ; James, 1890/1950), ce n’est que récemment que les chercheurs ont envisagé la possibilité qu’un individu puisse ne pas croire en ses souvenirs.

 

Les NBMs sont-ils vraiment rares ?

La première étude sur les NBMs s’est centrée sur la fréquence et les caractéristiques de ces souvenirs. Près de 25% des 1593 participants ici interrogés ont déclaré avoir vécu ce type d’expérience (Mazzoni et coll., 2010). L’un d’entre eux se rappelait par exemple avoir vu un dinosaure, alors qu’il n’avait plus foi en son souvenir. Un autre a rapporté un de ses souvenirs d’enfance relatif à un accident de voiture, bien qu’il ait appris des années plus tard que cet accident était en fait arrivé à son frère. La même étude s’est également attachée aux caractéristiques des NBMs, comme les détails visuels. Au regard de leur clarté, de la richesse des détails, ou du sentiment de revivre l’instant : NBMs et souvenirs auxquels on croit ne diffèrent pas. C’est ce qui peut expliquer pourquoi les NBMs semblent si authentiques. 

D’après certains auteurs, les études comme celles de Mazzoni et ses collègues (2010), qui se basent sur une interrogation directe des participants au sujet d’une expérience spécifique, laissent transparaître l’objectif de la recherche. Or, si les participants en connaissent le but, cela peut augmenter artificiellement le nombre de NBMs rapportés. Dans le but de comprendre la nature et la fréquence des NBMs, Scoboria et Talarico (2013) ont utilisé une méthode indirecte. Ils ont demandé aux participants de se remémorer des événements survenus à différents moments de leur vie puis d’évaluer, sur une échelle allant de 1 à 8, les degrés de mémorisation de ces événements et de croyance dans le fait qu’ils sont bel et bien arrivés. Étonnamment, avec cette méthode, seul 3 à 6% des souvenirs ont été décrits comme des NBMs, un taux bien inférieur aux 25% de l’étude menée par Mazzoni et ses collaborateurs (2010).

Comment expliquer une telle différence en fonction de la méthode utilisée, directe ou indirecte ? Eh bien, peut-être qu’il n’y en a pas vraiment. Bien que 25% des sujets rapportent une part importante de NBMs lorsqu’ils sont directement interrogés à ce propos, les taux d’apparitions des NBMs peuvent être nettement plus bas en rétrospective quotidienne (3-6%). Cela se comprend facilement : pourquoi se soucier de choses auxquelles on ne croit pas ? Et cela soulève une question intéressante : comment les NBMs affectent-ils les attitudes et le comportement des gens ? Comment les personnes qui se rétractent se comportent ensuite envers ceux qu’elles avaient accusés ? Est-ce que ces NBMs compromettront leurs tentatives de rétablir une relation avec leur famille ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs ont mis au point des méthodes pour induire des NBMs en laboratoire.

Ne pas croire en une expérience en montgolfière

En plus d’étudier les NBMs dans des contextes naturels, les chercheurs ont tenté de les induire en laboratoire. De nombreuses recherches montrent que le fait de suggérer de manière répétée qu’un faux événement est arrivé augmente la croyance et la confiance en ce souvenir – et même sa remémoration (Koehler, 1991). En revanche, nos connaissances sur la façon dont cette croyance peut être ébranlée sont assez limitées. Dans une étude, Clark et collaborateurs (2012) ont projeté de fausses vidéos (ce que l’on appelle le paradigme des vidéos falsifiées ; Nash et coll., 2009) dans le but de créer des NBMs chez les participants. Ceux-ci ont tout d’abord été invités à exécuter certaines actions, comme taper des mains et frotter une table tandis qu’ils étaient filmés. Puis ils ont été réinvités deux jours plus tard pour visionner des vidéos truquées, dans lesquelles des séquences montrant de fausses actions avaient été intégrées. Résultat, les participants se sont faussement « rappelé » avoir accompli ces actions et ils ont y « cru ». Les chercheurs leur ont révélé que les vidéos étaient falsifiées, puis ils mesuré les niveaux de mémorisation et de croyance des participants. Cette méthode a permis d’invalider leur croyance pour 14 à 26% des actions fictives, mais les souvenirs de ces dernières ont persisté.

Clark et collaborateurs (2012) ont créé des NBMs chez les participants grâce au paradigme des vidéos falsifiées. Les participants ont été invités à exécuter certaines actions (par ex., frotter une table – B : fausse action) tandis qu’ils étaient filmés (A : vrai clip). On présente ensuite des vidéos truquées, dans lesquelles des séquences montrant de fausses actions avaient été intégrées (C : montage truqué). Résultat, les participants se sont faussement « rappelé » avoir accompli ces actions et ils ont y « cru ». Issu de Clark, A., Nash, R. A., Fincham, G., et Mazzoni, G. (2012). Creating non-believed memories for recent autobiographical events. PLoS ONE, 7(3): e32998. Copyright 2012 by Andrew Clark.Clark et collaborateurs (2012) ont créé des NBMs chez les participants grâce au paradigme des vidéos falsifiées. Les participants ont été invités à exécuter certaines actions (par ex., frotter une table – B : fausse action) tandis qu’ils étaient filmés (A : vrai clip). On présente ensuite des vidéos truquées, dans lesquelles des séquences montrant de fausses actions avaient été intégrées (C : montage truqué). Résultat, les participants se sont faussement « rappelé » avoir accompli ces actions et ils ont y « cru ». Issu de Clark, A., Nash, R. A., Fincham, G., et Mazzoni, G. (2012). Creating non-believed memories for recent autobiographical events. PLoS ONE, 7(3): e32998. Copyright 2012 by Andrew Clark.  

Dans une autre expérience, Otgaar et collaborateurs (2013) ont appliqué sur des enfants et des adultes la méthode « d’implantation de faux souvenirs », dont on sait qu’elle est efficace pour générer des NBMs. Cette méthode permet en effet de créer des représentations mentales vivaces de faux événements qui ont été suggérés, chez les enfants comme chez les adultes (voir Otgaar et coll., 2012). Dans ce paradigme, les individus étaient : (1) informés du récit d’un événement fictif tel qu’un vol en montgolfière qu’ils auraient effectué dans leur enfance, (2) guidés par l’expérimentateur pour « voyager » mentalement dans le temps afin de passer en revue ou d’imaginer les détails de ce vol, et (3) questionnés, au cours de multiples interviews, pour savoir s’ils avaient des souvenirs élaborés de cette aventure fictive. En général, 30 à 40% des personnes déclarent avoir de bons souvenirs et de fortes croyances quant aux faux événements suggérés (Wade et coll., 2002). 

Otgaar et ses collaborateurs (2013) ont adapté cette méthode d’implantation de NBMs en expliquant aux participants que l’événement suggéré ne s’était pas produit, puis ils leur ont demandé s’ils y croyaient encore, ou s’ils s’en souvenaient. Pour 40% des sujets ayant ces faux souvenirs, la croyance en l’événement fictif a diminué, mais les représentations de celui-ci en mémoire (le vol en montgolfière) ont persisté.

Non seulement les personnes sont susceptibles de former des NBMs relatifs à de faux événements, mais elles peuvent aussi être incitées à ne plus croire en des souvenirs réels. Mazzoni et collaborateurs (2014) ont utilisé la même procédure (paradigme des vidéos falsifiées) pour examiner s’il était possible de persuader les gens de ne pas croire, mais de se souvenir d’événements qui se sont effectivement produits. Ce sujet mérite d’être étudié, car il existe d’importantes équivalences dans la vie de tous les jours. Pensez à un enfant victime d’abus à qui son agresseur déclare qu’il ne s’est jamais rien passé, ou à un témoin qui s’entend dire, lors de sa déposition, qu’un fait authentique ne s’est jamais produit. On ignore comment les souvenirs et les croyances des personnes seront altérés dans de tels cas. Mazzoni et ses collègues ont ici simplement constaté qu’il était possible d’invalider la croyance autobiographique pour des actes réels.

Quelles sont les implications ?

La salade aux œufs

De récents travaux ont montré que ce sont les fausses croyances, plus que les faux souvenirs, qui impactent le comportement des individus. Typiquement, dans ce genre d’études, on demande aux participants de remplir un questionnaire sur leurs antécédents alimentaires, puis on leur montre un profil de santé prétendument généré par un ordinateur à partir de leurs réponses. Le profil suggère de manière mensongère que, dans leur enfance, les participants sont tombés malades après avoir consommé un aliment particulier, comme une salade aux œufs. Les chercheurs ont mesuré leur comportement alimentaire deux semaines plus tard. Les participants à qui l’information mensongère avait été donnée consommaient moins de salade aux œufs que le groupe-témoin, cet effet pouvant durer plusieurs mois (Bernstein & Loftus, 2009 ; Scoboria et coll., 2012). D’autres travaux récents ont révélé que le changement de comportement est uniquement déterminé par la croyance dans le souvenir, et non par le souvenir en soi (Bernstein et coll., 2015). Une autre recherche intéressante pourrait être menée avec le même paradigme de la « salade aux œufs » mais, cette fois-ci, les chercheurs expliqueraient aux participants que le profil généré par l’ordinateur est faux, et que leur souvenir d’avoir été malade est erroné. Quel serait alors l’impact des NBMs sur le comportement alimentaire ? Basé sur de récents travaux (Bernstein et coll., 2015), on pourrait s'attendre à ce que les gens n’évitent pas de consommer des salades aux œufs, même s’ils conservent de fausses images d’avoir été malades étant enfants.

Le traumatisme

Les NBMs sont également intéressants en ce qu’ils permettent d’éclairer les liens entre souvenirs, croyances et symptômes dans certaines populations, comme chez les personnes ayant des antécédents traumatiques (par ex. les individus souffrant de syndrome post-traumatique). Un facteur notable qui permet d’expliquer pourquoi les personnes altèrent leurs croyances au sujet de la réalité d’un événement traumatisant est qu’elles désirent vivement ne pas s’en souvenir. Dans les recherches de Scoboria et ses collaborateurs (2015), un petit pourcentage des sondés (4%) étaient mal à l’aise avec leurs souvenirs ou n’appréciaient pas leur contenu. Ils essayaient de les « chasser de leur esprit » ou ne « voulaient pas croire que c’était arrivé » (p. 554). En somme, ils s’étaient forcés à ne pas croire en leurs souvenirs et avaient ainsi formé des NBMs.

Curieusement, les personnes qui ont vécu des événements traumatiques sont fréquemment confrontées à des souvenirs intrusifs en rapport avec ces événements (Berntsen, 2010) et adoptent souvent une stratégie de déni ou de discréditation de leur croyance en ce souvenir (Horowitz, 1986). Si ce travail de sape diminue le taux d’intrusion dans leur mémoire, le développement de méthodes permettant de générer des NBMs constituerait une perspective de recherche utile avec des intérêts pratiques importants. À l’inverse, si le souvenir d’événements traumatiques impacte les réactions comportementales des sujets et non leurs croyances, la logique voudrait que les symptômes du syndrome de stress post-traumatique s’atténuent lorsque la croyance en l’authenticité des souvenirs s’affaiblit. Mais bien sûr, cela soulève de nombreuses questions éthiques. Les thérapeutes sont-ils autorisés à manipuler le contenu des souvenirs traumatiques et le niveau de croyance de leurs patients ?

Les témoins oculaires           

Le système judiciaire pénal s’appuie fortement sur les témoignages oculaires. Depuis 1989, on a enregistré des milliers de cas de suspects qui ont été identifiés et poursuivis, jusqu’à ce que des tests ADN les disculpent. Le projet américain Innocence a révélé que 72% des personnes innocentées grâce à des analyses ADN avaient été victimes soit d’une erreur d’identification par un témoin oculaire, soit d’un faux souvenir (http://www.innocenceproject.org/causes-wrongful-conviction). Les professionnels du droit supposent que les témoins oculaires se basent sur leurs « souvenirs » pour effectuer leurs dépositions et identifications. Cependant, nous savons que chez les témoins oculaires aussi, croyances et souvenirs sont parfois confondus. On ignore en effet s’ils procèdent aux identifications en s’appuyant sur leurs fausses croyances, sur leurs faux souvenirs, ou sur les deux.

Il y a des raisons de penser que la croyance en la survenance d’un événement joue également un rôle dans le témoignage oculaire. La littérature spécialisée a souvent échoué à faire la distinction entre mémoire et croyance (Scoboria et coll., 2004). Les témoins peuvent-ils faire la distinction entre leurs souvenirs et leurs croyances en leurs souvenirs ? Si les témoins oculaires sont formés à distinguer mémoire et croyance, cela réduira-t-il le taux de fausses identifications ?

Les recherches sur les NBMs permettent de comprendre comment les dépositions des témoins peuvent être modifiables dans certaines circonstances. Par exemple, les informations d’un témoin pourraient être transmises indirectement à un autre témoin par l’intermédiaire d’un tiers, comme un agent de police, qui informerait le premier témoin de ce que le second a dit (Luus & Wells, 1994). Lorsque les informations fournies par le policier contredisent les souvenirs du témoin, ce dernier peut cesser de se fier à sa mémoire et choisir de ne pas divulguer certains détails. À ce stade, nous avons besoin de davantage de recherches sur ce type de dynamique, à savoir : comment le feedback social conduit à des NBMs et influence les comportements des individus dans le domaine légal.

En conclusion, une nouvelle ligne de recherche a récemment émergé, montrant que le souvenir et la croyance sont des construits distincts aboutissant parfois à la création de NBMs. Les NBMs ont longtemps été considérés comme un phénomène rare et exceptionnel, mais cette revue montre qu’ils peuvent facilement être créés dans un cadre expérimental. L’étape suivante consiste à examiner plus précisément la façon dont les NBMs influencent notre comportement et la façon dont nos croyances ou nos souvenirs – ou les deux – déterminent nos comportements et actions. Ces études présentent d’importantes implications en droit, en thérapie et dans bien d’autres domaines.

 

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